Sexe, mensonges et littérature
Les lectures de Proust se suivent et ne se ressemblent pas. A chaque fois, c'est un univers nouveau que je découvre - ou redécouvre avec un plaisir semblable à celui éprouvé par le Narrateur en dégustant cette fameuse madeleine - au sein de chaque volume de la Recherche. C'est la première fois depuis que je côtoie Proust que je remarque :
- à quel point son écriture, le vocabulaire employé, sont modernes.
- à quel point il parle de sexe.
Pas les allusions célèbres au vol du bourdon (Le côté de Guermantes), ni même le fait clairement établi qu'il consacre énormement de pages - outre Sodome et Gomorrhe - à l'homosexualité. Mais des mots, des situations, des descriptions (Albertine et ses glaces, c'est une merveille de doubles sens) - vraiment "claires et directes" ... Ainsi, le baron de Charlus parle clairement des moeurs très libertins de ses "semblables", évoquant le fait de "lever" tel joli garçon, tel serviteur, conte l'épopée amoureuse d'un jeune Théodore dont les femmes sont folles et qui venait sur le port lever tantôt un matelot, tantôt un autre, avec un toupet d'enfer, pour aller faire un tour en barque et "autre chose itou". " Le Narrateur, qui s'intéresse plus, lui, parce qu'il est jaloux, aux moeurs sapphiques, se souvient d'un dîner où les deux amantes de deux de ses amis "ne furent pas longues à se comprendre, mais si impatientes de se posséder que dès le potage, les pieds se cherchaient..." Le Narrateur comprend tout mais ne dit rien. "Une des deux femmes, qui n'y pouvait tenir, se mit sous la table en disant qu'elle avait laissé tomber quelque chose" et plus loin "elles devinrent très amies, se promenaient ensemble, l'une habillée en homme et qui levait des petites filles et les ramenait chez l'autre, les initiait". La découverte la plus intressante de cette lecture de La prisonnière, en matière de sexe, reste néanmoins les rapports que le Narrateur a avec Albertine... Outre ses visites nocturnes à sa jeune amie, qu'il regarde dormir tout en se frottant contre elle - et qui sont assez connues aussi - il semble qu'ils aient des échanges un peu plus réciproques. Ce que raconte "en passant", le narrateur lorsqu'il comprend ce qu'Albertine a "étouffé" en s'exclamant "j'aurais encore préféré me faire casser... " et qu'il finit par interpréter justement "me faire casser le pot".
Albertine n'a pas voulu terminer sa phrase devant lui, prétendant que c'est trop vulgaire.
"Or c'était certainement un second mensonge. Car quand nous étions ensemble avec Albertine, il n'y avait pas de propos si pervers, de mots si grossiers que nous ne les prononcions tout en nous caressant".
Etonnant, non ?
Ce petit article, donc, pour constater une fois de plus à quel point Proust est moderne, osé et avant-gardiste.... Je me demande d'ailleurs s'il y a quelque chose qui a été fait sur les homosexuels dans la Recherche - ou sur l'érotisme de Proust.
- à quel point son écriture, le vocabulaire employé, sont modernes.
- à quel point il parle de sexe.
Pas les allusions célèbres au vol du bourdon (Le côté de Guermantes), ni même le fait clairement établi qu'il consacre énormement de pages - outre Sodome et Gomorrhe - à l'homosexualité. Mais des mots, des situations, des descriptions (Albertine et ses glaces, c'est une merveille de doubles sens) - vraiment "claires et directes" ... Ainsi, le baron de Charlus parle clairement des moeurs très libertins de ses "semblables", évoquant le fait de "lever" tel joli garçon, tel serviteur, conte l'épopée amoureuse d'un jeune Théodore dont les femmes sont folles et qui venait sur le port lever tantôt un matelot, tantôt un autre, avec un toupet d'enfer, pour aller faire un tour en barque et "autre chose itou". " Le Narrateur, qui s'intéresse plus, lui, parce qu'il est jaloux, aux moeurs sapphiques, se souvient d'un dîner où les deux amantes de deux de ses amis "ne furent pas longues à se comprendre, mais si impatientes de se posséder que dès le potage, les pieds se cherchaient..." Le Narrateur comprend tout mais ne dit rien. "Une des deux femmes, qui n'y pouvait tenir, se mit sous la table en disant qu'elle avait laissé tomber quelque chose" et plus loin "elles devinrent très amies, se promenaient ensemble, l'une habillée en homme et qui levait des petites filles et les ramenait chez l'autre, les initiait". La découverte la plus intressante de cette lecture de La prisonnière, en matière de sexe, reste néanmoins les rapports que le Narrateur a avec Albertine... Outre ses visites nocturnes à sa jeune amie, qu'il regarde dormir tout en se frottant contre elle - et qui sont assez connues aussi - il semble qu'ils aient des échanges un peu plus réciproques. Ce que raconte "en passant", le narrateur lorsqu'il comprend ce qu'Albertine a "étouffé" en s'exclamant "j'aurais encore préféré me faire casser... " et qu'il finit par interpréter justement "me faire casser le pot".
Albertine n'a pas voulu terminer sa phrase devant lui, prétendant que c'est trop vulgaire.
"Or c'était certainement un second mensonge. Car quand nous étions ensemble avec Albertine, il n'y avait pas de propos si pervers, de mots si grossiers que nous ne les prononcions tout en nous caressant".
Etonnant, non ?
Ce petit article, donc, pour constater une fois de plus à quel point Proust est moderne, osé et avant-gardiste.... Je me demande d'ailleurs s'il y a quelque chose qui a été fait sur les homosexuels dans la Recherche - ou sur l'érotisme de Proust.
Fille ou garçon ?