Pendant que les bourses s'effondrent...

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... Le monde continue de mal tourner. Pêle-mêle : impossibilité de se connecter à Médiapart ce matin, le malheureux qui a porté plainte contre X (J.S.) pour délit de fuite se retrouve avec 2000euro à payer, sans commune mesure bien entendu avec le vigile de Carrefour, qui a porté plainte contre un membre du cabinet de Hortefeux et se retrouve sans emploi avec je crois 5000 euro à payer, Carrefour (hé oui) l'ayant accusé de lui porter préjudice... Pendant ce temps, dans le monde, les Chinois boivent du lait frelaté - les média n'ont apparemment pas le droit de donner l'alarme -  Sarah Pallin prône l'exorcisme et montre l'exemple, l'Autriche contre mal ses poussées d'extrême-droite... Et ici ? Mon expérience se limite à Paris, ou presque. Mais il suffit d'aller marcher pour se rendre compte de ce qui se passe -de plus en plus de personnes à la rue. Il y a eu cette vieille femme, l'autre jour, en rentrant du théâtre. Assise devant Monop', avec sa couverture et les gens qui passaient. Et hier, en allant chercher des timbres, près de la maison, c'était un homme, le type banal, emploi précaire ou chômage, sauf qu'il dormait dehors. Ce matin, en farfouillant sur le net, je suis tombée sur cet article de RESF. Notre ministre de la détention en deviendrait presque humain.
Et puis, toujours sur RESF, je suis tombée sur cette présentation (par Sophie Pilaire).

« Tu peux pas rester là », de Jean-Paul Nozière



Auteur : Jean-Paul Nozière
Editeur : Thierry Magnier
Collection : Romans Ados
Septembre 2008 - 8.50 Euros
Roman à partir de 11 ans
I

Mei, dix ans, vit avec sa mère Hua à Sponge. Chinoises, elles sont venues clandestinement en France et n'ont pas de papiers. Hua travaille dans un atelier de confection pour rembourser sa dette à ceux qui les ont fait venir. Un durcissement de la position des autorités françaises va mettre Mei et Hua en danger : elles deviennent « OQTF », « Obligation de Quitter le Territoire Français ». Si Hua réagit de manière apeurée, Mei, aidée de Tom, Léo et du SDF Victor, est décidée à ne pas se laisser faire.

Après Nous sommes tous tellement désolés dans la même collection, qui traitait du commerce de la prostitution, Jean-Paul Nozière a choisi un autre sujet grave et actuel, les expulsions de clandestins. Hua et Mei, les « chinetoques », sont particulièrement discrètes et bien intégrées. La jolie petite fille est excellente élève, reine d'une cour de deux garçons. Hua travaille, paie un loyer. Dans ce contexte, l'adjudant chargé de l'affaire et le père raciste de Léo conviennent eux-mêmes qu'il n'y a aucun sens à les faire partir. Le thème de la solidarité domine alors le roman, dans quelques beaux personnages secondaires : le père de Tom, gendarme qui refuse d'obéir à sa hiérarchie, Victor le dingue, ancien libraire aux lectures éclairantes, la directrice de l'école, les voisins de palier... Les deux amoureux de Mei (ses « moustiquaires » selon Victor) sont touchants dans leur sincérité naïve et leur rivalité pour plaire à la petite fille. Mei est elle une héroïne complexe, à la fois enfant et adulte, qui impressionne par sa détermination et, il faut bien le dire, son sens de la manipulation. Ses actions sont sous-tendues par des réflexions profondes, elle demande par exemple à sa mère de se taire « sur la Chine, [...] sur [s]on père, [...] sur [sa] famille. [...] sur tout. », parce qu' « Avant, c'était avant ». (p. 44). Plus mûre que son âge, elle comprend fort bien la gravité de la situation, et, encore enfantine, désespère de ne plus aller à la piscine, à l'école avec ses amis, ni plus tard de pouvoir se marier avec eux. C'est donc elle, avec Victor, qui prendra en main une riposte festive, appliquant avec succès l'adage du plus fort ensemble. L'auteur, qui a choisi la voie neutre du narrateur externe, responsabilise son lecteur jusqu'à la dernière page, lui proposant d'imaginer sa propre fin... Un roman salutaire.

Publié dans charlottebousquet

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C
Ecoute, moi ça me rend plutôt goguenarde et mesquine - ma façon à moi de me décérébrer. Mais ce n'es tpas très humain non plus de ricaner sur "l'assoc de la choucroute"...
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Y
Ca glace... Y a des moments où je me dis qu'on doit être nombreux à souhaiter un autre monde, basé sur autre chose, fait autrement. Comme ce jeune homme de 17 ans qui traverse la France avec sa vache, ou tous ces gens "de bonne volonté" que présente Yann Artus Bertrand dans ces films... Y a des moments où je me dis que le capitalisme finira par exploser à force de grossir (à part que j'aime pas les explosions, parce que les innocents explosent aussi) et qu'il faudra réapprendre à manger la vie autrement. Y a des moments... Puis y a des moments où je vois ceux qui ont des grands principes humains se conduire avec leur voisin proche comme une semelle avec un cloporte. Des moments où, quand untel soupire ah c'est triste qu'on fasse tant de mal aux pauvres pauvres gentils animaux, et que tu lui suggères de boycotter les cosmétiques qui valent pas ça, et que la personne te répond : ah ben oui mais non, ça je peux pas. Ou que ta ville te refuse une salle pour une asso culturelle bénévole pour les ados alors qu'elle en donne une aux membres de "la fraternité de la choucroute"... ben tu te demandes si tant de gens veulent un autre monde. Si, en dehors de le dire, ils le veulent "vraiment". Et à y bien penser, on a bien envie de se faire décérébrer, au final.
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F
...et dire que je lisais un article sur la Peur, ses effets et surtout ses sources tout a l'heure. un truc (re)soulignant que la tyrannie a besoin de faire peur pour erassurer les gens.... on en finira en effet par des gens pensant qu'on est "moins pire qu'ailleurs" et pourquoi pas au final des gens craint "Brice tu es bon avec nous merci !".Comme dans Bowling for columbine je crois, il faut peut être aller demander a ses politique d'envoyer leur mome a la guerre ou dormir dans un de ces centre pour voir ce que ca fait....
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