Expulsions : Manifeste des innombrables

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J'avais relaté dans un précédent article  le cas de ces assistantes sociales accusées  d'aider des sans-papiers,  j'avais aussi  évoqué les  nombreux cas de personnes qui sont  "ennuyées"  (le mot est faible)  pour avoir aider des sans-papiers à obtenir, par  exemple, leur régularisation (cette aide étant d'ailleurs probablement un des motifs inavoués de la volonté d'expulsion de l'avocat Abdoulaye Coulibaly)... Aujourd'hui, aider son prochain est passible d'amende et de prison. 

Voici le texte de loi :

Toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d’un étranger en France sera punie d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 30 000 euros.
 
Article L622-1 CODE DE L’ENTREE ET DU SEJOUR DES ETRANGERS ET DU DROIT D’ASILE



Voir écrit ça, noir sur blanc (enfin, sur rose... noir et rose c'est aussi la couleur des croix marquant les tombes des disparues de Ciudad Juarez... ), c'est terrifiant, non ? Et puis, ça évoque d'autres lois, d'autres décrets... Et puis, c'est considérer que la non-assistance à personne en danger n'est pas un délit. A moins que les étrangers ne soient pas des personnes ?

Oui, je sais, ça donne envie de vomir... C'est pourquoi je vous invite à lire l'article qui suit, issu du site de RESF et à signer le Manifeste des Innombrables.


Alors que partout en France la politique du chiffre conduit à multiplier les expulsions sans considération des dégâts humains qu’elles entraînent, le gouvernement accélère la répression des citoyens qui ont osé contester, par leurs propos ou par leurs mobilisations pacifiques, cette logique inhumaine et xénophobe.

Le calendrier se charge pour les délinquants de la solidarité :

. Le 26 novembre (14 h) : François Auguste, vice président de la région Rhône Alpes, passe au tribunal correctionnel de Lyon pour "entrave à la circulation d’un aéronef", pour avoir protesté dans un avion, suite à l’information du RESF, contre l’expulsion d’une famille dans un avion. Il risque 5 ans de prison et 18000€ d’amende.
. Le 27 novembre (14 h) : Nicolas Moiroux, parent d’élève et travailleur social intervenant auprès des roms, passera en jugement pour outrage et rébellion au Tribunal de Béziers. C’est pourtant lui qui a été victime de brutalités policières pour s’être interposé pour protéger une femme malade lors d’une charge de CRS.
. Le 12 décembre (9 h) : Kadidja T, militante APEIS 93 qui avait protesté dans un avion, suite à l’information du RUSF, contre une expulsion dans un avion vers le Mali, passera au TGI de Bobigny pour "entrave à la circulation d’un aéronef". Elle risque elle aussi 5 ans de prison et 18000 ? d’amende.
. Le 21 décembre, Florimond Guimard, instituteur, connaîtra son sort. Il était poursuivi pour avoir manifesté pacifiquement contre l’expulsion d’un père d’élève de son école. Un délit pour lequel, après avoir rendu hommage à Resf et à l’action de ses militants, le procureur a quand même oser requérir une peine avec sursis !

On vient d’apprendre que deux intervenantes de l’association France Terre d’asile ont été interpellées pour « complicité d’aide au séjour irrégulier en bande organisée » alors qu’elles n’ont fait qu’intervenir dans le cadre de leurs missions pour aider les étrangers en souffrance de Calais.

La solidarité : une réponse citoyenne à une politique qui bafoue
les droits et viole les consciences

 
A travers ces citoyens qu’on veut bâillonner, c’est l’immense élan de solidarité qui se manifeste autour des étrangers privés du droit au séjour et victimes d’une traque indigne qu’on veut briser ! C’est un climat totalitaire et répressif qu’on installe dans la société française
C’est le sens des menaces ou pressions contre les élus, les membres du corps enseignants, les personnels des services sociaux et tous ceux qui sont aujourd’hui en contact avec les étrangers. C’est le but du fichage généralisé et des appels à la délation dans les ANPE ou certaines mairies.

RESF réclame la relaxe pour ceux qui sont poursuivis

Il appelle à se mobiliser pour soutenir chaque personne menacée. Et pour manifester concrètement partout en France cet engagement solidaire et citoyen, il lance le
« Manifeste des Innombrables ».

En le signant, vous affirmerez un soutien actif à ceux qui sont poursuivis, vous prendrez un engagement personnel qui va bien au-delà d’une simple pétition, vous affirmerez que s’en prendre aux étrangers, c’est s’en prendre à nous mêmes ; que défendre leurs droits, c’est défendre les nôtres !

Le manifeste des innombrables : lien et téléchargement.

Ce communiqué est à télécharger sur le site (document ci-dessous), ou à retirer auprès des collectifs RESF locaux.

Il est à renvoyer, complété et signé à :
RESF c/o EDMP 8 Impasse Crozatier 75012 PARIS



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C
Et oui, et nous, nous sommes les "avec papiers"... toutes ces étiquettes, c'est une manière de désigner les personnes de manière à les dépouiller de tout humanité.
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F
beurk ! ca me fait penser à la pub de médecins du monde dns le 20minutes du jour qui a pour accroche : "reconduire aux frontières un sans-papier gravement malade, c'est le condamner à mort".Ce qui est bluffaant la dedansest que "sans-paier" est devenu avec le temps un seul et même mot et qu'il faille une publicité pour sensibliser les gens...
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