Drôle de reprise, mais...
Je suis tombée il y a cinq minutes sur un fait divers : un gamin qui s'est fait tabasser par d'autres collégiens, a eu un trou noir - sa tête a heurté un banc et il est tombé dans les pommes, etc. Et cela m'a rappelé un article lu dans le train qui m'a emmenée à Lyon la semaine dernière. En gros, l'article confirmait que la pratiques de bizutages - interdites par une loi défendue par Ségolène Royal en 1998 - était interdite, mais que lesdites pratiques avaient été remplacées par des "journées d'accueil" et autres "semaines d'intégration" - théoriquement plus soft et plus drôles, destinée - je cite Wikipédia parce que je trouve leur article de parti-pris :
On continue cependant à désigner sous ce nom un certain nombre de « cérémonies d'accueil » ou « journées d'intégration » des jeunes promotions, se voulant aujourd'hui une tendance plus humoristique et se donnant juste pour but de dissuader lesdits nouveaux d'attraper la « grosse tête » du fait de leur admission, et créer de fait un esprit de cohésion entre membres d'une même promotion. Cela permet également aux « nouveaux » de faire connaissance avec les « anciens ».
Etant en pleine relecture de Un si fragile vernis d'humanité (faut s'y faire, j'ai tendance à être obsessionnelle et citer ad nauseam pour les autres les auteurs que j'apprécie... Rassurez-vous, je n'ai piblié ni mon Descartes adoré, ni Jean-Pierre Vernant) je ne puis m'empêcher de ce que Terestchenko dit du pouvoir du groupe sur l'individu et de la manière dont le groupe peut formater la personne, annihilant une part de sa personnalité pour la modeler selon la structure du groupe. Ce que firent - pêle-mêle, les nazis, les étudiants-gardiens de l'expérience de la prison de Stanford, par exemple... ce que font finalement toutes les structures sociales fondées sur ce genre de modèle - organique ? - , jusqu'au service militaire ce me semble où l'on parle d'esprit de corps.
Je continue sur Wikipédia - cette fois avec la définition de l'ijime :
Ijime est un mot japonais désignant les brimades que subissent ceux qui sont exclus d'un groupe parce que différents et sont pris pour cible. Ce phénomène est non seulement très présent dans le milieu scolaire, mais également dans le milieu professionnel et la vie quotidienne. C'est le symptôme d'une société où l'individu ne peut exister qu'à travers l'appartenance à un groupe : famille, quartier, école, entreprise... D'où le besoin de gommer ses différences : on peut d'ailleurs résumer cette situation avec le proverbe japonais très célèbre: « le clou qui dépasse appelle le coup de marteau ».
Bien entendu, l'ijime, véritable fléau social au Japon qui pousse entre autres nombre d'adolescents au suicide, n'est pas tout à fait comparable au bizutage occidental, dans la mesure où il s'agit de "punir" la différence, non pas d "initier" et que les brimades vont parfois jusqu'au sévices et à la torture. Ce n'est pas le problème.
Le problème, cela va être par exemple : ok, j'intègre l'école de XXX mais non, je ne me mettrai pas nu dans l'amphi, ne ne me promènerai enruoulé dans du PQ, etc. Que se passe-t-il donc si l'étudiant refuse ces "rites" ? Le problème reste que, sous couvert de "rites de passage" (dénués de toute dimension sacrée), il s'agit bien de brimades, d'humiliation et finalement d'un processus visant à ébranler suffisamment l'individu, voire, le dépouiller de son "moi", pour le formater selon le modèle de son nouveau "groupe d'appartenance".
Le fait que des articles lus par un large public portent sur la banalisation de ces bizutages "politiquement correctement" renommés (ce qui me fait penser à la torture rebaptisée "méthode d'interrogatoire coercitive") me semble cela dit assez dans l'air du temps.
Ce qui amène à d'autres questions - pour lesquelles je n'ai évidemment pas de réponses. Mais je me demande jusqu'où on peut aller pour s'intégrer (de manière générale) ? Et surtout, à, partir de quel moment on prend conscience que quelque chozse ne tourne pas rond dans ce qu'on est ou dans ce qu'on fait. pour Terestchenko, il s'agit d'une affaire de présence ou absence à soi, et sa réflexion porte surtout sur des cas très particuliers même si à mon sens elle est valable au quotidien (regarder ou non ses pieds quand son voisin se fait agresser). Je me demande également quel intérêt il y a à se trouver "de l'autre côté" - en gros, manipuler autrui de manière à l'amener à soi, par rexemple - je ne parle pas ici des gamins qui ont tabassé leur camarade de classe -mais je m'écarte un peu du sujet originel...
Toujours est-il qu'aujourd'hui, je trouve ce revirement "tranquille" assez inquiétant...
On continue cependant à désigner sous ce nom un certain nombre de « cérémonies d'accueil » ou « journées d'intégration » des jeunes promotions, se voulant aujourd'hui une tendance plus humoristique et se donnant juste pour but de dissuader lesdits nouveaux d'attraper la « grosse tête » du fait de leur admission, et créer de fait un esprit de cohésion entre membres d'une même promotion. Cela permet également aux « nouveaux » de faire connaissance avec les « anciens ».
Etant en pleine relecture de Un si fragile vernis d'humanité (faut s'y faire, j'ai tendance à être obsessionnelle et citer ad nauseam pour les autres les auteurs que j'apprécie... Rassurez-vous, je n'ai piblié ni mon Descartes adoré, ni Jean-Pierre Vernant) je ne puis m'empêcher de ce que Terestchenko dit du pouvoir du groupe sur l'individu et de la manière dont le groupe peut formater la personne, annihilant une part de sa personnalité pour la modeler selon la structure du groupe. Ce que firent - pêle-mêle, les nazis, les étudiants-gardiens de l'expérience de la prison de Stanford, par exemple... ce que font finalement toutes les structures sociales fondées sur ce genre de modèle - organique ? - , jusqu'au service militaire ce me semble où l'on parle d'esprit de corps.
Je continue sur Wikipédia - cette fois avec la définition de l'ijime :
Ijime est un mot japonais désignant les brimades que subissent ceux qui sont exclus d'un groupe parce que différents et sont pris pour cible. Ce phénomène est non seulement très présent dans le milieu scolaire, mais également dans le milieu professionnel et la vie quotidienne. C'est le symptôme d'une société où l'individu ne peut exister qu'à travers l'appartenance à un groupe : famille, quartier, école, entreprise... D'où le besoin de gommer ses différences : on peut d'ailleurs résumer cette situation avec le proverbe japonais très célèbre: « le clou qui dépasse appelle le coup de marteau ».
Bien entendu, l'ijime, véritable fléau social au Japon qui pousse entre autres nombre d'adolescents au suicide, n'est pas tout à fait comparable au bizutage occidental, dans la mesure où il s'agit de "punir" la différence, non pas d "initier" et que les brimades vont parfois jusqu'au sévices et à la torture. Ce n'est pas le problème.
Le problème, cela va être par exemple : ok, j'intègre l'école de XXX mais non, je ne me mettrai pas nu dans l'amphi, ne ne me promènerai enruoulé dans du PQ, etc. Que se passe-t-il donc si l'étudiant refuse ces "rites" ? Le problème reste que, sous couvert de "rites de passage" (dénués de toute dimension sacrée), il s'agit bien de brimades, d'humiliation et finalement d'un processus visant à ébranler suffisamment l'individu, voire, le dépouiller de son "moi", pour le formater selon le modèle de son nouveau "groupe d'appartenance".
Le fait que des articles lus par un large public portent sur la banalisation de ces bizutages "politiquement correctement" renommés (ce qui me fait penser à la torture rebaptisée "méthode d'interrogatoire coercitive") me semble cela dit assez dans l'air du temps.
Ce qui amène à d'autres questions - pour lesquelles je n'ai évidemment pas de réponses. Mais je me demande jusqu'où on peut aller pour s'intégrer (de manière générale) ? Et surtout, à, partir de quel moment on prend conscience que quelque chozse ne tourne pas rond dans ce qu'on est ou dans ce qu'on fait. pour Terestchenko, il s'agit d'une affaire de présence ou absence à soi, et sa réflexion porte surtout sur des cas très particuliers même si à mon sens elle est valable au quotidien (regarder ou non ses pieds quand son voisin se fait agresser). Je me demande également quel intérêt il y a à se trouver "de l'autre côté" - en gros, manipuler autrui de manière à l'amener à soi, par rexemple - je ne parle pas ici des gamins qui ont tabassé leur camarade de classe -mais je m'écarte un peu du sujet originel...
Toujours est-il qu'aujourd'hui, je trouve ce revirement "tranquille" assez inquiétant...